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Comme la goutte d’eau dans les airs s’évapore,
L’ame, divin fluide et plus légère encore,
Remonte vers les cieux.
Le corps qu’elle habitait retourne dans sa fange,
Et l’esprit ne pourrait retrouver, tant il change,
Son palais gracieux.

Mais que devient notre ame ? Éclatant météore
Fait-elle dans la nuit redescendre l’aurore
Sur son char enflammé ?
Est-ce un nuage errant ? ou bien, brise légère,
Effeuille-t-elle encor la rose bocagère
Sur un front bien aimé ?

Avez-vous quelquefois, couché sous les feuillages,
Vu passer dans le ciel un groupe de nuages
Avec leurs ailes d’or ?
Avez-vous vu, la nuit, leurs formes fantastiques
S’allonger, et porter sur les clochers antiques
Leur humide trésor ?

Ne serait-ce donc pas leurs ombres éphémères
Qui voilent le soleil de leurs pâles chimères,
Qui glissent en nageant ?
Et sur les tendres fleurs de leur terre natale
Versent, en souriant, toute l’onde vitale
De leur urne d’argent ?