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Mort, il vit : vainement la tempête et la brume
Secouèrent sur lui leur crinière d’écume ;
En vain pour l’engloutir la terre s’entr’ouvrit ;
Des peuples moutonneux la mer intarissable
Ne put, en se brisant, effacer sur le sable
Ce que son glaive avait écrit.

Lorsqu’avec ses deux mains, du trône
Le sort parvint à l’arracher ;
Il ne put tomber sans couronne
Que sur la tête d’un rocher.
C’est là qu’il voyait dans l’orage,
Levant son front sur un nuage,
Son souvenir qui, d’âge en âge,
Passait comme le char de Dieu :
Quand une poussière d’étoiles
Du ciel en secouant les toiles,
À travers l’horizon sans voiles,
Jaillit sous son bruyant essieu.

Pardon, si dans sa tombe où je viens de descendre,
Après tant de mortels j’ai remué sa cendre ;
Comment voudriez-vous qu’il ne fût pas chanté ?
Le siècle est assourdi du bruit que fait cet homme,
Qui, d’échos en échos, s’enfonce et tombe comme
Un poids dans l’immortalité !