aux sciences en 1793 ; il propose à l’Institut de le réintégrer dans son sein, et a le bonheur d’obtenir un fauteuil académique pour ce vieux conventionnel, qui avait attaché son influence et son nom à l’une des plus belles fondations du génie moderne. Lakanal, flatté de cet honneur, plus flatté encore de ce souvenir d’amitié, revint, malgré son grand âge, sur cette terre sillonnée par tant d’événemens : une révolution l’avait enlevé, une révolution le ramenait. L’entrevue des deux amis fut pathétique ; le savant et l’exilé se retrouvaient, après de mauvais jours, dans ce même Muséum d’histoire naturelle que la Convention avait créé, et dont le jeune professeur de 93 avait mûri et fécondé le germe précieux en organisant, presque à ses frais et par ses propres forces, la Ménagerie.
La lutte scientifique résista aux événemens et contribua peut-être à épuiser la force des deux rivaux. Cependant les agressions devenaient moins fréquentes, quoique l’esprit d’antagonisme fût resté le même ; cela tenait à la position nouvelle que Cuvier avait prise dans le gouvernement. Lié aux affaires publiques, il avait de la peine, dans les derniers temps, à suivre tous les pas de son adversaire sur le terrain d’une discussion que Geoffroy ne déserta jamais. Cuvier ployait sous les charges étrangères à la science : maître des requêtes, conseiller d’État, pair de France, il était tout cela et autre chose encore, quand, le 13 mai 1832, il mourut. Les rivalités de l’intelligence font trève devant la pierre du tombeau ; Geoffroy s’avança sur le bord de cette fosse qu’une si grande dépouille allait remplir, et retrouvant dans son cœur toute son