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sur le plâtre les traits chéris et vénérés des grands hommes que la mort vient de ravir.

Les fossiles sont, avec les terrains qui les contiennent, les seuls monumens des premiers âges du monde, mais ils suffisent pour nous révéler déjà un très ancien état de choses qui s’est trouvé fixé en s’abîmant. Parcourir le musée de géologie du Jardin des Plantes, c’est descendre ou remonter le cours des événemens qui ont précédé la naissance de l’homme. Cette collection de minéraux et de fossiles est une genèse. Si la trompette du dernier jour venait à remplir ces salles de sa voix puissante, nous serions effrayés de voir reparaître autour de nous dans l’état de vie ces animaux étranges, oubliés depuis long-temps par la nature, inconnus à la surface actuelle de la terre qu’ils ont délivrée de leur fardeau : eh bien ! ce travail de résurrection en vertu duquel un mélange confus de débris mutilés s’arrange dans un ordre organique, de manière à ce que l’os aille chercher l’os auquel il devait tenir ; ce travail qui fait sortir une seconde fois du néant des êtres éteints, la science va l’accomplir sous nos yeux dans cette galerie.

L’ordre des pièces géologiques exprime plus ou moins le déroulement des faits qui ont construit et peuplé l’écorce de la terre. Voici d’abord des échantillons, sans empreinte d’êtres créés : la vie alors n’existait pas. La disposition de ces couches, privées d’animaux et de végétaux, imite assez bien celle de livres entassés en pile, successivement, les uns sur les autres, à mesure que chaque auteur y aurait consigné les annales de son temps, et placés de telle sorte que