Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/136

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ex ovo emersit. Cet œuf a eu, pour ainsi dire, un temps d’incubation ; Moïse nous représente sous une grande image ce travail préparatoire de la matière : « Les ténèbres couvraient la face de l’abîme, et un souffle de Dieu était porté sur les eaux. » La science d’accord cette fois avec la tradition religieuse, peut voir dans le noyau primitif de notre planète une image de l’ovule, au début de ses formations. Ce germe, couvé par l’esprit de vie, s’avança au travers des siècles, vers des changemens nécessaires. Autour de lui se formèrent, comme autour de l’embryon, des enveloppes destinées à le protéger ; ceux qui ont observé l’œuf humain, recouvert par les villosités du chorion, se figureront aisément le règne végétal étendant à la surface du globe primitif ses fougères membraneuses. Le monde a renouvelé plusieurs fois les conditions de son existence durant cette longue et obscure évolution de progrès que nous allons bientôt retracer. Plongé dans les eaux diluviales, comme l’œuf humain dans les eaux de l’amnios ; revêtant, comme lui, des organes successifs de respiration et de vie, l’œuf terrestre a passé par les mêmes états de naissance, où passent les êtres vivans durant leur période de formation intra-utérine. Les actes très anciens de la création géologique se répètent et se

    œuf, symbole de la création de l’univers, se retrouve chez les Indiens, les Chinois, les Chaldéens, les Perses, les Grecs. L’idée de la création du monde, par voie d’orogénisme, qui se rencontre ainsi dans toutes les cosmogonies de l’Orient, ne saurait être attribuée au hasard. L’homme a été pourvu, à l’origine, d’une mémoire intuitive des choses, qui a été prise généralement pour une révélation.