Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/148

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mouvemens d’un sol sans cesse soulevé, d’une mer toujours en tourmente, d’une nature partout en mal de création, et vous concevrez aisément que les existences végétales ou animales n’auraient paru dans un tel milieu que pour s’anéantir aussitôt. Ne pouvant se mettre en harmonie ni avec l’air chargé de vapeurs mortelles, ni avec la grande eau, continuellement tenue à la température d’un bain thermal, la vie ne pouvait se manifester nulle part : elle attendait. Combien de temps s’écoula entre la consolidation du globe et la naissance de ses premiers habitans ? C’est ce qu’il est impossible, dans l’état actuel de nos connaissances, de déterminer. Pour peu néanmoins qu’on y réfléchisse et qu’on examine autour de soi le travail compliqué de la vieille formation terrestre, toutes les espèces de roches qui entrent dans sa contexture, les années s’entassent sur les années, les siècles sur les siècles, et l’on voit fuir ce premier âge du monde dans un prodigieux lointain qui a trop de ténèbres pour les yeux de la chronologie humaine. Mais, au surplus, qu’est-ce que cette attente, si longue qu’elle nous paraisse, devant la patience et le travail de l’éternité ?

En ce temps-là, il se fit sur la terre un grand progrès. La mer commençait à se calmer dans son lit toujours incertain ; l’atmosphère avait perdu dans de vastes actions chimiques les gaz qui la rendaient impropre à la respiration des végétaux eux-mêmes ; la température du globe s’abaissait. Ce fut alors que, toutes choses étant préparées de longue date à cet effet, apparut sur ce monde nouvellement formé le plus