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Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/149

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étonnant et le plus mystérieux de tous les phénomènes, la vie ! La grande ligne de micaschiste et de gneiss, qui paraît avoir été formée par le contact simultané de ces deux puissances, le feu et l’eau, marque en quelque sorte la limite entre la solitude du monde et son occupation par des êtres organisés. C’est en effet dès le terrain suivant, auquel les géologues ont donné le nom d’ardoisier, qu’on voit se dessiner les premiers fossiles. Il s’en faut néanmoins de beaucoup que la vie se soit manifestée tout de suite avec puissance. On la voit, loin de là, se traîner au commencement dans les régions les plus basses et les formes les plus débiles. Encore les êtres animés étaient fils rares dans ces premiers temps. La vieille mer, ce liquide inconnu dont ils venaient peupler les abîmes abandonnés, était encore dans un état tiède et inquiet, peu favorable à leur accroissement. À voir même les anciens produits de l’océan, ces zoophytes et ces mollusques, premiers habitans des eaux, se montrer en petit nombre et de distance en distance, on ne peut guère douter qu’il n’y ait eu dans l’origine une sorte de lutte entre les nouvelles lois qui voulaient faire surgir la vie dans la création, et les anciennes, qui la condamnaient jusque-là à l’isolement et à l’inertie. Plusieurs individus de ces espèces naissantes, inconnues dans nos mers actuelles, ont dû succomber sous l’action de cette lutte, et n’auront sans doute apparu un instant que pour ouvrir les voies à un nouvel ordre de faits. La grande eau n’offrait donc encore au fond de ses puissans abîmes que de rares ébauches d’animaux infimes aux prises avec