Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/152

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tion ? Nos peintres n’auraient-ils pas un beau sujet de paysages dans cette première végétation exubérante, dans ces groupes d’îles qui couronnées de verdure sortent des abîmes d’un vaste océan, dans cette lumière riche et uniforme, si intense, que les physiciens ont cru qu’elle différait de notre lumière actuelle, dans la solitude même de ce nouveau règne végétal qui attendait les grands animaux à venir ?

Et le temps suivait son cours majestueux. L’Océan, qui renouvelait sans cesse son liquide par suite des changemens de l’atmosphère, était le théâtre de destructions et de métamorphoses sans nombre. La nature se montre partout fidèle à cette grande loi : innover pour conserver. C’est principalement dans la classe si nombreuse des poissons qu’on peut observer les variations de formes à l’aide desquelles cette population flottante passe d’un âge à un autre, sans s’interrompre. Ces formes mobiles paraissent toujours calculées pour les différens milieux où les êtres qu’elles revêtent sont destinés à vivre. C’est ainsi que nous voyons les anciens poissons, recouverts de grosses plaques solides, sans doute pour résister aux convulsions qui bouleversaient dans le sein même de l’Océan la croûte du globe agité, perdre dans la suite cette dure enveloppe, lorsque le calme et le repos de notre planète eut rendu une telle armure inutile. Tout porte donc à reconnaître dans le mouvement des êtres qui se succèdent ici de moment en moment, l’action d’une force créatrice qui essaie, pour ainsi dire, des habitans à la mer et qui les retire à mesure que la mer les rejette, afin de les modifier et de les soumettre aux