Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/159

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unes dans le palais, et le mégalosaure, lézard gros comme une baleine, animal vorace, hérissé de dents qui, par la réunion d’arrangemens mécaniques, tiennent à-la-fois du couteau, du sabre et de la scie, dévastaient l’empire des mers. Quel effrayant animal ce devait être que ce mégalosaure, vandale de l’Océan, sorte d’Attila monstrueux envoyé par la nature, dans ces temps de barbarie, pour exterminer les races aquatiques destinées à périr ! À la vue de ces débris incroyables, de ces armes gigantesques, de ces cottes-de-mailles colossales, il est difficile de ne point imaginer de prodigieux combats entre ces reptiles marins, vivans dans les mêmes eaux, poursuivant la même proie, et rapprochés sans cesse par le nombre. Quel moment quand ces masses écaillées s’affrontaient ! comme leurs mouvemens irrités devaient remuer puissamment le bassin des mers ! Que sont nos misérables batailles navales auprès de ces terribles luttes ? Le mégalosaure eût broyé nos vaisseaux doublés de cuivre d’un mouvement de sa queue et avalé un équipage tout entier dans le gouffre de sa gueule vorace, sans même se donner la peine d’en diviser les morceaux.

Ce peuple cuirassé n’occupait pas seulement la grande eau ; le ciel lui avait été donné en partage pour y étendre sa domination. Des reptiles volans dans lesquels on reconnaît les caractères réunis de l’oiseau, de la chauve-souris et du lézard, traversaient les airs en sifflant. Ils se nourrissaient de poissons et d’insectes sur lesquels ils fondaient à la manière des hirondelles. Ces étonnans volatiles, dont l’aspect serait effrayant si on les voyait aujourd’hui, ont sans