Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/160

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doute précédé les oiseaux à grandes ailes qui n’auraient pu encore exister dans une atmosphère si chargée d’acide carbonique. La nature, à toutes les époques, peuple les différens milieux d’êtres successivement adaptés aux conditions extérieures de la vie. La grosseur des yeux a fait croire à quelques naturalistes que ces ptérodactyles étaient des animaux nocturnes. Ces fantômes des mers en auraient sillonné les ténèbres dans un temps où les chauves-souris n’existaient pas. Quoi qu’il en soit de ses habitudes, le ptérodactyle couronne dignement cette manifestation toute phénoménale d’êtres curieux et maintenant impossibles qui signalent le second âge de la terre. Écartons pourtant bien loin de nous toute idée de prodige et de monstruosité à la vue de ces animaux antiques. Ils étaient faits pour le monde de leur temps comme les animaux actuels pour le monde que nous habitons. Plus on étudie les grandes époques génésiaques, et plus on voit que la nature s’est toujours maintenue dans des rapports harmonieux. Le même mouvement qui renouvelait la population des mers en changeant la nature du liquide amenait dans l’atmosphère des variations analogues qui réformaient les plantes et les animaux terrestres. Tout avançait en même temps et selon des lois solidaires les unes des autres. Si donc ces anciens animaux nous étonnent tant, c’est que le monde a considérablement changé depuis leur extinction, et que nous prenons pour un état permanent ce qui n’est qu’une des phases passagères de la nature.

Où en était le monde à cet âge d’adolescence ? Nous