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Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/173

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megatherium et de ses autres frères en puissance. En vain a-t-on cherché à dire que ces animaux vivaient peut-être encore dans les vieilles contrées de l’Inde et de l’Amérique. Tous nos continents actuels ont été à-peu-près visités par des voyageurs ; des bandes de sauvages traversent de grandes étendues de pays dans tous les sens, et jamais rien de pareil au megatherium, au dinotherium, au mastodonte n’a été rencontré. Les sauvages ont même imaginé, sur la destruction de ce dernier grand animal, une fable qui étonne par sa naïve sagesse. Les indigènes de la Virginie disent que le mastodonte fut détruit pour l’empêcher d’anéantir la race humaine. La lutte, selon eux, fut terrible : le grand homme d’en haut avait pris son tonnerre et les avait terrassés tous, excepté le plus gros mâle qui, présentant sa tête aux foudres, les secouait l’une après l’autre, à mesure qu’elles tombaient. Mais, à la fin, blessé par le côté, il se mit à fuir vers les grands lacs où il se tient jusqu’à ce jour. L’expérience, la tradition, tout nous dit, comme on le voit, que le mastodonte, avec les autres animaux de son époque, n’a pu tenir contre les changemens que l’éternel auteur des choses préparait encore dans le monde. La défaite de ces gigantesques mammifères, par l’action de la nature, a donné sans doute naissance aux fables de Jupiter et des Titans. Les anciennes histoires, qui consacrent presque toutes à l’origine l’existence d’une race primitive de très haute taille, ont puisé cette idée à la même source. Tous les tombeaux qui ont été donnés, par les peuples de l’antiquité ou par les sauvages, pour des tombeaux de géans, ont été, en effet, trou-