l’esprit humain doit recueillir toutes ses forces, et les mettre en commun, s’il veut pénétrer dans la raison dernière des faits, rerum cognoscere causas. La poésie ne se montre pas étrangère à cette recherche des causes enveloppées : elle ne serait donc pas de trop dans le concert de toutes les sciences réunies au Muséum pour célébrer les grandeurs de la nature. Un jour l’art aura lui-même dans ces lieux droit de cité. Ce jardin n’est-il pas déjà l’ouvrage des successeurs de Lenôtre ? Cet établissement ingénieux, où tous les monumens de la nature viennent se résumer, avec les productions anciennes ou nouvelles du globe, comme les monumens de l’art dans le musée du Louvre, ne s’est-il point élevé par l’effort de ces mêmes mains qui ont orné la ville de chefs-d’œuvre ? Un statuaire, un architecte, des peintres devront donc être attachés par la suite des temps au Jardin des Plantes.
Les poètes et les artistes sont des révélateurs. Voici l’idée d’un monument que nous proposons et qui s’élevera un jour, si nos prévisions ne nous abusent, au milieu du jardin. Une colonne raconte déjà dans la ville de Paris la grande épopée militaire de l’Empire ; une autre dit l’héroïque victoire du peuple en 1830, il en faut une troisième qui célèbre les dernières conquêtes de la science. Le règne minéral, représenté par une assise de granit, formera la base de cette colonne. Sur la partie inférieure la flore et la faune primitive étendront çà et là leurs végétations puissantes. À ces plantes, aujourd’hui inconnues dans la nature ; viendront se superposer d’autres plantes,