de l’histoire naturelle et de la littérature perfectionnerait à cette heure la philosophie naissante du Muséum. La langue n’a rien orné en science depuis Buffon. Les poètes de leur côté aiment la nature : mais ils ne la connaissent pas. Ce reproche remonte très haut : on regrette que M. de Chateaubriand ait consacré les plus éloquentes pages de son Génie du Christianisme à décrire des merveilles de la création qui n’ont jamais existé. Bernardin de Saint-Pierre habita de son temps le Jardin des Plantes ; il y prit aux fleurs, aux arbres, aux brises parfumées, cette fraîcheur et cette ambroisie de style qu’on retrouve dans ses Études, malheureusement trop peu étudiées. Le moment est venu de renouer cette alliance du savant et de l’écrivain sous des conditions plus sévères. L’historien de la nature devrait unir la rigueur consciencieuse du géomètre à l’imagination souriante du poète. Jusqu’ici la plupart des ouvrages spéciaux sur l’histoire naturelle sont d’une sécheresse et d’une aridité qui rebutent. Ô savans ! à quoi bon avoir semé d’épines et d’arguties le champ de la science ? Pourquoi donc avoir fait des livres si maussades sur cet autre grand livre de choses qui se déploie, feuillet par feuillet, grandement et magnifiquement. Le xvie siècle a introduit le naturalisme dans les arts et le xviiie dans la philosophie ; le nôtre devra le porter dans la littérature. Au moyen âge, l’Église qui n’aimait pas les spectacles, avait jeté le voile de l’interdit jusque sur le théâtre de la création : la renaissance a soulevé ce voile ; la science l’a déchiré. Le moment est venu de voir face à face l’œuvre de Dieu : moment solennel où
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