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propres forces pour s’en dégager. Nous voyons, dans toutes les anciennes histoires et chez tous les peuples actuels qui ont conservé l’état primitif, les hommes convertir leurs semblables et se convertir eux-mêmes au besoin en véritables bêtes de somme. Dans l’antique Orient on se sert encore des esclaves, le long des fleuves, comme d’animaux de halage, pour tirer les bateaux. Trois cents malheureux Arabes, attelés par des conducteurs turcs qui les fouettaient jusqu’au sang, ont servi à faire marcher sur le Nil le bâtiment qui contenait notre obélisque de Luxor. C’est le premier âge, celui où l’homme remplace par ses propres bras et ses forces personnelles l’absence des autres moyens de transport, des autres forces motrices.

À mesure que l’homme sent sa dignité et que ses conquêtes intellectuelles se fondent, il cherche à se décharger de ses fatigues sur le règne animal. C’est le second âge. Atlas secoue alors ses bras nerveux pour rejeter le fardeau du monde qui l’opprime, et pour substituer enfin il ses épaules nues le dos des bêtes de somme. Les peuples ont choisi leurs premiers auxiliaires parmi les animaux chez lesquels la taille, la démarche et la force musculaire se trouvaient le mieux appropriés dès l’origine aux travaux pénibles. Ils se sont fait de la sorte un parti dans la nature pour vaincre la nature même, et se soustraire, par ce moyen, à l’accablante oppression du monde matériel.

La première fois qu’on entre dans un de ces musées de zoologie où l’art à trouvé le moyen de faire revivre en quelque sorte les dépouilles animales, en leur rendant leur forme et leur couleur, le regard est vaincu, ébloui,