Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le représentant de la toute-puissance qui a formé l’univers. Sans vouloir entrer, au point de vue religieux, dans l’interprétation d’un dogme redoutable, nous dirons que la science découvre plutôt sous ces images bibliques un idéal de l’avenir qu’une histoire du passé. Ce n’est point entre les mains de l’homme primitif, enveloppé et comme perdu dans les liens de la nature, que Dieu se décide à remettre ses pouvoirs ; ce n’est pas sur cet être faible, en guerre ouverte avec des forces incomparablement supérieures à la sienne, que le suprême auteur des choses se repose du soin de gouverner notre planète et de régler les destinées des animaux. Lorsque Dieu parle ainsi dans la Genèse, sa pensée, qui franchit les temps et qui voit toutes choses dans un moment éternel, embrasse d’avance les progrès futurs du genre humain, son âge viril et ses conquêtes pacifiques sur le globe. C’est aux peuples civilisés qu’il tient ce langage imposant : « Remplissez la terre et soumettez-la ! » C’est l’homme de l’avenir et du progrès que Dieu investit de son autorité, et auquel il passe en quelque sorte ses titres pour D’établir le contre-maître de la nature.

Le premier état de l’homme, à la surface du globe, ne fut pas la domination, ce fut la lutte. Dans les commence mens, la nécessité de réagir sur les élémens hostiles, de déplacer les masses inertes et de joindre entre elles certaines parties du territoire, divisées par des obstacles, lui fit inventer les premiers instrumens de travail. Presse, absorbé, enlacé dans la puissance matérielle des lois physiques, comme Hercule dans les plis et replis du serpent, il s’adressa d’abord à ses