Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/27

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ton, si justement renommée pour le traitement des maladies mentales, jouissait d’une grande prospérité. Cependant, comme les anciens murs tombaient en ruine et que les bâtimens présentaient la figure maussade de la vieillesse, on arrêta des plans de reconstruction. Jusqu’ici tout était bien : mais, par malheur, un désir excessif d’agrandissement, et peut-être aussi des intérêts personnels cachés sous le masque, entraînèrent les travaux bien au-delà des limites raisonnables. Aujourd’hui l’édifice est presque achevé ; c’est très beau, très vaste, très monumental, très incommode ; il n’existe par malheur aucune proportion entre l’étendue des bâtimens et le nombre probable des malades. Qu’en résulte-t-il ? C’est que les dépenses faites pour élever cette demeure immense et vide ont dispersé les ressources de l’établissement, et que mille besoins se trouvent maintenant en souffrance. Les malades sont logés comme des princes, c’est-à-dire fort grandement et fort mal à l’aise : mais ils manquent en partie des soins matériels qu’exige leur état. Le zèle éclairé du médecin en chef n’a cessé de protester contre de telles maçonneries insensées ; il lutte encore chaque jour contre les obstacles et les embarras créés par une prodigalité si grande envers les murs. Autrefois la maison royale de Charenton possédait des prairies sur le bord de la Seine, un moulin, des rentes sur l’État ; aujourd’hui l’établissement est ruiné ; il ne lui reste, grâce à ses somptueuses constructions, que des pierres pour toutes ressources, et le concours éclatant de la science qui soutient, Dieu merci ! son ancienne célébrité.