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ment la domesticité des animaux a avancé de siècle en siècle, en mesurant sa marche sur le mouvement même du genre humain, mais qu’encore notre action sur les espèces domestiques, quoique régulière et continue, a éprouvé des oscillations, des doutes ; qu’elle a souvent renouvelé les essais, changeant quelquefois brusquement de route, ou se détournant peu-à-peu de son premier dessein. C’est ainsi que des animaux domestiques, appliqués d’abord par l’homme à un genre de service, ont été écartés plus tard de cette destination, lorsque l’homme eut rencontré dans la conquête d’autres animaux, des forces mieux appropriées à la nature de ses entreprises. Une peinture égyptienne, antérieure, selon M. Champollion, de mille ans à Hérodote, représente des béliers employés aux travaux de l’agriculture. Ce monument porte à croire que l’homme a d’abord dompté les espèces plus faibles, et qu’il les a mises à contribution comme auxiliaires jusqu’à nouvel ordre, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’il eût conquis d’autres espèces plus robustes et plus capables de services.

M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, dans son cours public et dans ses remarquables Essais de zoologie générale, cite un exemple analogue. Avant l’arrivée des conquérans du Nouveau Monde, le lama jouait un rôle très important en Amérique comme bête de transport. Grégoire de Bolivar ne craint pas de porter à trois cent mille (chiffre sans doute exagéré) le nombre des individus de cette espèce qui travaillaient à la seule exploitation des mines du Potose. Lorsque les Européens eurent pénétré dans le nou-