Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/284

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animaux ce qu’il y cherche. Ne veut-il qu’un instrument, qu’un levier, le cheval est là pour le lui fournir. Que l’homme lui demande d’autres services, en rapport avec d’autres instincts de cet animal perfectionné, et nous croyons qu’il les obtiendra de même. L’éducation du cheval continuée et agrandie en vue de besoins nouveaux aura pour résultat de le transformer. Ce mot n’a rien d’excessif. Si nous comparons les chevaux des peuples demi-sauvages à ceux de notre continent, nous trouverons que les premiers n’ont ni les formes, ni les habitudes, ni les mœurs de nos chevaux domestiques ; ce sont à peine les mêmes animaux. La civilisation ne change guère d’époques ou de degrés de latitude sur le globe, que tout ne change aussitôt dans la nature.

Quels seront les caractères de cette transformation ? A quels ouvrages nouveaux le cheval pourra-t-il être employé ? Nous n’aventurerons pas nos conjectures dans les ténèbres d’un monde qui reste pour nous inconnu. Il y aurait une sorte de témérité puérile à vouloir préciser d’avance la figure de certains progrès du règne animal, laissons-les donc enveloppes dans les voiles du mystère. Contentons-nous de prévoir scientifiquement l’avenir de nos bêtes de somme sur une donnée générale. Tant que l’homme a senti la nécessité d’une force vivante pour remuer la nature animée, il a pris cette force dans les animaux domestiques ; aujourd’hui qu’il commence à trouver et qu’il trouvera de jour en jour son plus puissant mobile dans la matière même, organisée par les mains de l’art, il abandonnera peu-à-peu l’usage de ces animaux comme instru-