Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/287

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l’intérieur des habitations, quelques services. Des ours civilisés, racontent les mêmes voyageurs, deviennent les compagnons et, pour ainsi dire, les amis des pâtres qui conduisent leurs troupeaux ; un peu plus, ils garderaient eux-mêmes les moutons, en jouant du chalumeau comme les bergers de Virgile. On connaît les exercices auxquels « les seigneurs indiens dressent le guépar, ce tigre devenu chien sous la main de l’homme. Tous ces faits, auxquels on pourrait en ajouter d’autres, montrent que la nature des animaux est susceptible de variations infinies. La domesticité des animaux, même les plus entièrement soumis, n’est pas une œuvre terminée. L’action des sociétés change avec le temps les espèces sauvages en de nouvelles espèces, dont elle remanie sans cesse les facultés naturelles, les mœurs et jusqu’à la figure. Il existe dans les contes et les traditions de l’Orient, mille récits qui ne sont que des symboles de la domination possible de l’homme sur la nature inférieure. Un voyageur me racontait avoir vu dans un temple de la Perse une riche tenture représentant un maître de maison qui se fait servir par des singes et par d’autres animaux domestiques. Tous ces êtres privés de raison, versent à boire, ferment les portes, couvrent la table, remplissent, en un mot, sur la tenture les diverses fonctions du ménage. L’esclave se trouve ainsi supprimé par le ministère de ces nouveaux serviteurs. Une telle fantaisie charmante n’es telle pas, comme tant d’autres monumens de l’art, une image exagérée sans doute et comme un pressentiment confus de l’état auquel une éducation suivie