Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/29

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butions commodes, les logemens agréables qui ont succédé aux anciennes masures dans les quartiers Saint-Victor, de la Grève, de la Cité ; mais on n’ajoute pas que jusqu’ici la classe pauvre n’a nullement profité de ces constructions modernes. Chassés de leur vieille demeure comme les oiseaux de la forêt, du chêne qu’on abat, ces hôtes fugitifs sont allés porter ailleurs dans la ville leur nid et leur misère. Refoulés dans les rues du quartier des Arcis, ils sont venus s’entasser au sein de maisons étroites, sales, humides, sans cours, sans air. Les architectes n’ont songé jusqu’ici, dans leurs constructions nouvelles, qu’à la classe aisée ; il semble qu’à leurs yeux le pauvre ne doive pas se loger.

La densité de la population dans certains quartiers indigens et malsains est un fait sérieux qui doit faire réfléchir l’administration de la ville de Paris. La misère se concentre chaque jour sur des points ténébreux et y occupe chaque jour moins de place. Il est tel quartier de Paris où un seul hectare compte plus de quinze cents habitans ; on oserait à peine confier mille arbres au même espace de terrain ; les arbres souffriraient, les hommes meurent. Il est telle rue, telle maison, où une famille entière tient dans un réduit de six mètres carrés. On devine l’influence de cet état de choses sur la santé des habitans. Serrés les uns contre les autres dans une ceinture de pierre, ces malheureux ne reçoivent qu’un air rare et vicié. La phthisie et tout un sombre cortége d’affections pulmonaires assiégent ces quartiers étouffans, où il semble avoir été défendu à l’homme de respirer.