Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/298

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pour lui donner le caractère d’une conversation intime, me mit bien vite dans la confidence de l’homme et de son système. Nous devînmes les meilleurs amis du monde, et je ne tardai pas à lui demander l’histoire de sa vie.

L’histoire de Gall n’est guère que l’histoire d’une idée ; il n’y faut pas chercher les événemens. Le grand père de notre savant habitait l’Italie, et s’appelait Gallo. Moins Allemand qu’Italien, et selon toute probabilité Français d’origine (Gallus)[1], le docteur Gall était né à Tiefenbrunn, village du grand-duché de Bade, où il passa les premières années de son enfance dans la maison paternelle. La Providence, qui a soin de mettre autour du berceau de chaque homme supérieur les élémens nécessaires à son développement moral, avait favorisé le jeune Gall d’une nombreuse société de frères et de sœurs. Ces enfans, unis entre eux par les liens de l’âge et du sang, servirent les premiers de sujets à l’inventeur de la phrénologie. Il les observait à son aise, vivant avec eux sous le même toit, dans tout l’abandon de la familiarité. Ce qui le frappa, ce fut la différence des caractères entre ces enfans, au nombre de dix, élevés ensemble sous l’influence d’une éducation commune. « Chacun de ces individus, dit-il, avait quelque chose de particulier, un talent, un penchant, une faculté qui le distinguait des autres. Cette diversité détermina notre indifférence ou notre

  1. Il y aurait lieu à de très curieuses recherches sur les pérégrinations des noms propres ; on remonterait ainsi à l’influences des races sur le caractère des hommes célèbres.