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Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/300

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se servit d’abord de ces remarques pour régler sa conduite et ses rapports. « Je n’observai jamais, écrivait-il plus tard en repassant sur les premières années de sa vie, le regard doux et mélancolique de l’homme mûr, que celui qui une année avait été un camarade fourbe et déloyal, devînt, l’année d’après, un ami sûr et fidèle. » Philosophe avant de savoir qu’il y eût une philosophie, le jeune Gall faisait surtout son profit de ces remarques pour s’exercer au jugement. Il offrit dès ses premières années un remarquable exemple du dogme scientifique des dispositions innées, dogme que l’homme fait devait introduire plus tard dans le monde. Cet esprit d’observation l’accompagnait dans le cours de ses études, où il n’était pas si heureusement secondé par la mémoire. Une telle infériorité le mit à même de reconnaître que les concurrens les plus redoutables étaient des enfans de son âge qui apprenaient aisément par cœur. Ainsi mis à profit, les échecs qu’il essuyait dans ses classes le servaient mieux pour l’avenir que n’aurait pu faire un succès.

Quelques années aprè, Gall changea de séjour, et eut le bonheur de rencontrer encore des condisciples doués d’une grande mémoire qui l’emportaient sur lui dans leurs études. Gall, vaincu, s’en vengea en les observant, et trouva une seconde fois le moyen de changer sa défaite en triomphe. Tous les élèves, remarquables par leur extrême facilité à retenir leurs leçons, avaient de grands yeux saillans. Cette remarque fut pour Gall un trait de lumière. Ces grands yeux saillans ressemblent, pour l’inventeur de la