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phrénologie, à la pomme de Newton. L’écolier se dit à lui-même que s’il y avait un rapport, comme il commençait à le croire, entre la mémoire et la forme des yeux, il n’était donc pas impossible de reconnaître les facultés morales d’un individu par des signes extérieurs. On se demande maintenant si de tels hasards ont été réellement la cause des découvertes plus ou moins heureuses qui les ont suivis ; nous croyons qu’ils en ont été tout au plus l’occasion. Bien des pommes étaient tombées des arbres avant Newton ; bien des lampes suspendues à la voûte des églises avaient suivi, avant Galilée, leur mouvement oscillatoire ; bien des élèves avaient eu à côté d’eux dans leurs classes des camarades à gros yeux en saillie ; ni les uns ni les autres n’avaient jamais songé à conclure de ces faits la loi de l’attraction des corps célestes, ni la théorie du pendule, ni avant Gall, la manifestation de l’homme moral par la forme du cerveau. Le fondateur de la phrénologie avait en lui-même l’idée qui a servi de germe à son système, et le mouvement des circonstances extérieures ne contribua guère qu’à dégager cette idée.

Gall changea encore une fois le théâtre de ses études : il alla à une université d’Allemagne ; ces déplacemens le mirent à même de renouveler ses expériences sur des sujets inconnus. Tandis que ses concurrens étudiaient leurs leçons, Gall les étudiait eux-mêmes ; il se confirma de la sorte dans son sentiment que la mémoire coïncidait avec le développement et la saillie des yeux. La répétition du même fait sur des individus séparés avait exclu de sa pensée le soupçon de