Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/305

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fauts naturels. La chiromancie, ou interprétation de l’homme par les lignes de la main, la métoposcopie, ou divination par les lignes du front, la physionomie, ou connaissance de l’individu par les traits du visage, avaient essayé, depuis plusieurs siècles, de percer le voile derrière lequel la main de Dieu avait caché le secret des destinées humaines. Mais de ces trois sciences, les deux premières étaient alors abandonnées comme complètement arbitraires et paradoxales ; la physionomie jouissait depuis Lavater d’une meilleure réputation ; toutefois, elle manquait par beaucoup de côtés, et les esprits un peu clairvoyants la déclaraient insuffisante pour rendre compte des mystères de notre nature. Gall crut que le moyen d’approcher de la vérité était d’étudier le cerveau comme le siège de toutes les manifestations intellectuelles et morales de l’homme. Il arriva à l’étude de la médecine avec ces idées faites. Ce fut à Strasbourg qu’il reçut ses premières leçons d’anatomie du célèbre professeur Hermann. Avant d’avoir jamais manié le scalpel, Gall avait pressenti une grande partie des lois que la science avait alors découvertes et de celles qu’elle n’avait pas découvertes encore. Dans les écoles de médecine il avait entendu parler des fonctions du foie, de l’estomac, des reins : mais il se plaignait qu’on ne lui eût rien dit dans les cours, ni dans les ouvrages de médecine, sur les fonctions du cerveau. C’était pourtant, à son avis, le livre où Dieu avait scellé le mystère de la vie humaine. Il en est toujours ainsi du livre des secrets de la nature ; après avoir résisté à tous les efforts des siècles, il s’ouvre tranquillement