de la nature. Entouré d’animaux privés ou sauvages, il se mit à étudier leurs mœurs en les comparant aux mœurs des hommes. Il rencontra la même différence de penchans, la même variété d’instincts que dans l’espèce humaine. Comme ses nouveaux sujets ne cherchaient point à dissimuler, il put les observer à son aise. Un pigeon était le mari fidèle de sa colombe, tandis qu’un autre (un vrai don Juan de pigeon) se glissait dans tous les colombiers pour séduire et emmener les femelles amoureuses. On ne pouvait alléguer dans ce cas l’influence d’une mauvaise éducation. Un chien était presque de lui-même habile à la chasse, pendant qu’un autre de la même race et de la même portée se refusait à cet exercice ou ne se laissait dresser qu’à grand-peine. Un oiseau écoutait avec beaucoup d’attention l’air qu’on jouait à ses oreilles, et le répétait avec une facilité singulière ; un autre de la même couvée n’apprenait que son chant naturel. Gall observa tous ces faits par lui-même avec une patience d’Allemand ; il passa à la loupe de son imagination lucide et persévérante les détails les plus minutieux. Cette étude des animaux, prise sur le vif, le confirma dans sa foi en l’existence de forces primitives chez l’individu, et souvent même indépendantes des lois de l’espèce.
Gall ne pouvait guère se dissimuler que la science et la philosophie comme on les enseignait de son temps, ne fussent contraires à ses idées ; il crut avoir raison, malgré la science et malgré la philosophie. L’école allemande professait que tous les hommes naissent semblables, et que les différences remarquées entre les individus viennent des différens mi-