Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/315

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réciproquement des qualités ou des défauts de chacun d’eux. Les anciens faisaient sortir la vérité au fond d’un puits ; peut-être eût-il été plus juste de la faire sortir d’un verre de vin. Ces hommes du peuple, échauffés par la boisson, commençaient à s’accuser les uns les autres avec une bonne foi sans réserve. Gall recueillait toutes ces révélations en silence ; il recherchait ensuite sur la tête de chacun d’eux quelque signe organique en rapport avec les penchans qui lui étaient indiqués. Il renouvelait son expérience plusieurs fois sur les mêmes individus ; afin de se convaincre qu’il ne cédait pas à des conjectures précipitées ; il faisait ensuite la contre-épreuve sur des hommes d’un naturel contraire, et lorsque ces diverses expériences confirmaient ses premiers indices ; il dessinait au crayon, sur un crâne destiné à cet usage, le siège de la faculté ou de l’instinct qu’il croyait avoir découvert. D’autres fois il confrontait les statues et les bustes antiques aux récits de l’histoire et cherchait à saisir une analogie entre les actions des hommes célèbres et la structure de leur tête. Le résultat de toutes ces recherches fut d’amener Gall à croire que chaque fonction principale de l’âme s’exerçait sur un point limité du cerveau.

La difficulté ne consistait plus qu’à s’orienter sur ce terrain vague. L’expérience étant le seul fil conducteur qui pût diriger ses recherches, Gall continua dès-lors à suivre le chemin qu’elle lui traçait. Il rencontre, un jour, un mendiant jeune et de bonne mine qui fixe son attention par des manières distinguées : notre docteur demande, selon sa coutume, à mouler