Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/316

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la tête du mendiant. Il remarque sur le plâtre, avec étonnement, une proéminence saillante qu’il n’avait encore remarquée sur aucune autre tête, Alors Gall de questionner ce jeune homme et de l’engager à dire lui-même son histoire, son caractère, les motifs de sa misère : le mendiant lui avoue que la fierté seule l’a réduit à cet état humiliant et que dans son orgueil extraordinaire il aimait encore mieux demander l’aumône que de travailler. Gall, éveillé par cette confidence, examine alors la tête de tous les hommes superbes ; il y retrouve constamment cette même élévation, et voilà le siège de l’orgueil trouvé.

Ayant reconnu que certains hommes étaient naturellement pieux, tandis que d’autres naissent pour ainsi dire athées, Gall soupçonnait sur la tête de l’homme un organe de la religion. Désireux d’en découvrir la place sur le crâne, il visitait les églises avec inquiétude et s’attachait surtout à observer les têtes de ceux qui priaient avec plus de ferveur. D’abord il crut reconnaître que les hommes religieux étaient généralement chauves. Mais n’ayant su trouver aucun rapport entre la calvitie et l’amour de Dieu, il rejeta ce caractère comme chimérique. Il finit par mouler la tête des individus qui étaient renommés dans le monde par leur sainteté, et, après de nombreux essais, il crut découvrir le siège du sentiment religieux. Ce nouvel organe se rencontra depuis, à la connaissance de Gall, sur le crâne d’un libertin dévot qui payait les femmes publiques en leur donnant des livres de prières. Notre docteur, s’étant procuré, vers le même temps, le dessin de la tête de M. de La-