Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/32

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qui ne se confondent pas. Chaque âge séculaire de la civilisation a pour ainsi dire déposé dans un quartier de la ville sa trace et ses dépouilles vivantes. La loi des naissances, des mariages, des décès, des infirmités, des vices de conformation et autres causes d’exemption du service, est très loin d’être la même pour tous les arrondissemens. Les économistes qui ont voulu agir par des calculs généraux sur des parties si hétérogènes ont tous été conduits à des résultats absolument nuls ou erronés. Il faut décomposer les élémens de la population de Paris. Au lieu de voir dans Paris une ville unique, sortie en bloc du même ordre d’événemens, nous serons alors forcés de reconnaître dans les classes inférieures des traits essentiels qui dessinent les caractères primitifs de la civilisation. Les divers quartiers, à mesure que s’élèvera le moral de leurs habitans, nous représenteront autant de degrés par lesquels la population parisienne a dû passer avant de parvenir à son âge de virilité. La forme relative des habitations, l’état des mœurs et des connaissances en rapport avec les caractères de l’organisation humaine, l’inégalité des développemens au moral comme au physique, sont autant de monumens négligés jusqu’ici, et qui seuls peuvent servir à rétablir la statistique sur ses véritables bases. Ce n’est pas seulement l’histoire d’une ville qui sort de tels monumens physiologiques comparés entre eux, c’est comme nous l’avons dit plus haut, l’histoire d’une nation. L’étude de Paris faite sur ses habitans, sur ses rues, sur ses édifices, renoue les anneaux de cette chaîne de changemens et de révolutions morales qui