Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/332

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n’avaient rencontré en eux, ni autour d’eux, aucun moyen de résistance au mal. Eh bien ! par une inconséquence inouïe, ce doux Gall, si plein d’indulgence et de bonhomie, était pour le maintien de la peine de mort, et même (on hésite à dire cela) pour la peine de mort aggravée. Que conclure de là ? sinon ce que le fondateur du nouveau système pénitentiaire concluait lui-même de Napoléon : « Tel qui à certains égards devance de beaucoup ses contemporains se trouve sous d’autres rapports arriéré de plusieurs siècles. » Il est rare que, dans l’ordre moral, l’homme marche des deux pieds.

On a beaucoup parlé des tendances matérialistes de la phrénologie, et l’on se demande encore si Gall avait une religion. Nous n’hésitons pas à le croire. Seulement Gall était médecin, et comme ses confrères, il penchait à confondre la cause avec l’instrument. Il lui arrivait, par exemple, de s’écrier dans son enthousiasme d’anatomiste : « Dieu et cerveau, rien que Dieu et cerveau ! » Et l’âme ? — Gall s’était fait un devoir de n’en parler jamais, et de borner ses recherches aux conditions matérielles à l’aide desquelles elle manifeste ses facultés. À plus forte raison avait-il soin d’écarter toute discussion qui aurait pu intéresser une forme quelconque de croyance. Comme savant, son culte s’arrêtait à la nature. Il ne voyait point d’impiété à suivre le mouvement de la science vers l’innovation et la conquête du mystère : être avec le progrès, c’était pour le docteur Gall être avec Dieu. Notre novateur se montrait du reste bien éloigné de nier l’existence d’une loi suprême de toutes les