Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/333

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lois, d’une intelligence de toutes les intelligences, d’un ordonnateur de tous les ordres. La phrénologie lui semblait au contraire une excellente réfutation de l’athéisme. Le cerveau, ce merveilleux laboratoire de la pensée, était à ses yeux une preuve manifeste de l’intelligence supérieure qui s’y révélait à l’homme. Gall avait beau faire, il ne pouvait amoindrir son jugement au cercle des observations matérielles, et comme toutes les grandes natures, il était religieux par instinct. Sa reconnaissance était sans bornes envers ce divin architecte des choses dont l’anatomie lui avait démontré toute la sagesse. Gall adorait avec une vénération profonde la trace empreinte à la tête de l’homme par cette invisible main. Mais ce qui le pénétrait davantage du sentiment de notre faiblesse et de la grandeur divine, c’était le peu d’étoffe employé par le Créateur et transformé dans le cerveau en instrumens de puissance si nombreux et si sublimes. Le sang-froid de l’anatomiste ne tenait pas devant ce grand spectacle ; il ne savait comment dire son admiration et son étonnement à ce mystérieux auteur de la nature qui avait su resserrer toutes les conditions matérielles de nos connaissances avec leur objet, le monde terrestre que les géographes évaluent à neuf mille lieues de tour, et le monde idéal qui ne se mesure pas, dans une circonférence de tout au plus vingt-deux pouces !

Il y aurait eu de l’inconvenance à traiter légèrement un physiologiste que les Corvisart, les Larrey, les Broussais, et tant d’autres ont regardé comme un génie novateur. Nous avons dit la vie du savant ; un