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nières années, écrites en caractères indélébiles sur le crâne des hommes qui en ont composé les principaux événemens. Une telle collection sera précieuse pour l’avenir. Nos descend ans ne verront pas sans intérêt ces débris humains, immortalisés dans la mort. Gall a pris vis-à-vis des personnages de son temps moulés en plâtre le même soin qu’a pris la nature vis-à-vis des animaux antédiluviens, en conservant leur empreinte durcie sur la glaise molle. Quelque Cuvier à venir pourra, à l’aide de ces fossiles historiques, reconstruire construire l’image vivante de notre société, avec ses monstres et ses prodiges, ses révolutions et ses cataclysmes. Le cabinet crânologique du Jardin des Plantes n’est d’ailleurs pas le seul qui existe à Paris. La tête de tout grand homme vivant est retenue d’avance par les successeurs de Gall. Chaque jour ces catacombes de notre histoire contemporaine se meublent des ruines que fait la mort en brisant l’existence de plusieurs. Tous les individus qui ont joué un rôle y figurent. — Ainsi, courez la terre, conquérans ! orateurs, réformez le monde par la tribune ! grands hommes, faites savoir votre nom aux extrémités de l’universel si le sort vous favorise, vous aurez un jour votre place sur les rayons poudreux d’une armoire ; et un vieux professeur, montrant l’image de votre crâne à quelques écoliers ébahis, leur dira : ceci fut Napoléon ; ceci fut le général Foy ; ceci fut Chateaubriand : admirez quelles bosses !

Le crâne était aux yeux de Gall une page solide sur laquelle la nature avait tracé en traits reconnaissables le caractère et le génie de chaque homme. Il préten-