Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/346

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dait donc qu’on pouvait reconstruire l’histoire d’un individu éteint, d’après les seules indications de la tête. La vérité est même qu’il donna des preuves extraordinaires telle clairvoyance. S’étant rendu, un jour, chez le docteur Caille qui possédait un cabinet d’ostéologie assez curieux ; Gall examina une à une, avec entraînement, toutes les têtes rangées dans les armoires. Notre savant avait la monomanie du toucher. Tout-à-coup il ne peut contenir les mouvemens d’une joie exagérée et se met bondir au milieu de la chambre ; Caille, inquiet pour l’état mental de son confrère, lui demande ce qu’il vient de trouver. « J’ai trouvé un parricide ; répond Gall enchanté de sa découverte. » En disant ces mots, le savant montre avec le doigt un des crânes anonymes de la collection ; « Je veux que vous me le vendiez, ajoute Gall transporté ; je vous le couvrirai d’or, s’il le faut, comme un tableau de Raphaël. » Caille ne partageait pas l’enthousiasme de son ami pour la science phrénologique. Il lui répondit très froidement que ce crâne ne valait pas tant d’honneur ; qu’il le donnerait volontiers si ce présent pouvait lui être agréable, mais que Gall était le jouet d’une erreur de son imagination ; ce crâne avait appartenu à un émigré. C’est tout ce que Caille en savait ; Gall persistait et affirmait : « C’est impossible ; vous vous trompez ; je vous dis que cet homme-là doit avoir assassiné son père ou sa mère : j’en suis sûr. » Le moyen de se mettre d’accord était d’aller aux renseignemens. Nos deux amis y allèrent. Voici ce qu’ils apprirent : ce crâne était effectivement celui d’un émigré français qui avait été exécuté pen-