Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/362

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par le bourreau et à moitié rompu vif, se mit à éclater de rire. L’exécuteur, stupéfait, lui demanda le motif de cet accès de gaîté. — Je songeais, répond l’homme, à la grimace d’un fondeur de cuillers auquel j’ai versé de l’étain liquide dans la bouche avant de le faire mourir.

L’armoire que nous allons visiter dans le cabinet de Gall contient des masques de voleurs et de meurtriers. La voûte surbaissée de ces crânes n’appartient presque plus à des êtres humains. Cette disposition faible et bornée, jointe à la masse puissante des instincts qui se traduisent sur le derrière de la tête, a dû, selon Gall, entraîner la volonté. Selon les adversaires de cette physiologie du cerveau, une telle doctrine conduit tout droit à la négation de la liberté morale. Gall s’en défendait en disant que cette force de l’organisation n’était point irrésistible. Il convenait seulement que le manque d’éducation, en livrant de pareilles natures à leur propre mouvement, les livrait presque infailliblement au mal. Nous avons été à même de vérifier les observations de Gall sur des détenus, et nous les avons quelquefois trouvées justes. Le crâne de ces malfaiteurs présente, dans certains cas, une ressemblance indubitable avec le crâne des animaux dont ils partagent les instincts bas, rapaces ou féroces. Nous avons été également frappé de la différence qui existe entre eux. Les voleurs reconnaissent au premier coup-d’œil les confrères qui ont l’esprit du métier et ceux qui ne l’ont pas. Ces derniers jouissent de peu de considération. Ils leur reprochent de manquer de trugg. On nous a amené sur les