Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/395

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vant, par un étranger. Notre pauvre infirme, pour lequel la vie n’était que nuit et silence, semblait néanmoins tenir à la conserver. Ayant remarqué qu’on ensevelissait les morts avant de les mettre en terre, il refusait de coucher dans des draps quand il était malade, et s’inquiétait quand on chauffait des linges blancs à ses côtés. La première fois qu’il eut le sentiment de notre destruction fut le jour qu’il touche un homme mort (c’était son père) ; il se retira effrayé et avec précipitation. Depuis lors, le signe dont il se servait pour exprimer notre fin suprême était de descendre lentement sa main vers la terre.

L’action des sens extérieurs une fois exclue comme cause dominante de nos facultés, le docteur Gall crut découvrir dans le cerveau le principe et le siège de toutes les manifestations intellectuelles de l’homme. Sans nier les influences que l’âme reçoit du dehors par les sensations, il soutenait que la communication de l’individu avec l’univers était surtout limitée par ses organes encéphaliques. Le monde commence pour chaque être, on le cerveau commence, et finit où le cerveau finit. Ce grand physiologiste était d’avis que nos actions, nos pensées, nos sentimens, notre manière de voir et de juger, sont enchaînés aux lois immuables de notre nature. Le soleil sortirait plutôt de son orbite, que l’homme ne sortirait du cercle tracé par son organisation. L’éducation développe avec le temps les puissances contenues dans le cerveau ; mais pour les créer, jamais. Cette doctrine donne un démenti formel au système de l’égalité des intelligences. Si, d’un côté, tous les hommes sont égaux devant la science, en