Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/398

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui lui sont destinées d’avance par la nature. Le travail, dépouillé de toute contrainte, cessera dès-lors d’être une gêne et un fardeau pour devenir l’exercice normal de facultés innées auxquelles le repos, au contraire, est une fatigue. Les gouvernements se serviront de la révélation de l’homme moral, de plus en plus transparent, pour ouvrir aux natures excentriques la sphène d’activité que réclame leur inquiétude. Les chefs d’institution, au moyen des signes de la tête, développeront chacun de leurs élèves dans le sentiment particulier de sa nature. Les généraux d’armée, avec cette connaissance, régleront leur ordre de bataille sur le caractère de leurs soldats. Les jurés trouveront dans le crâne de l’homme mis en cause des renseignemens pour établir l’aveu ou le désaveu de sa faute. Les accusés exerceront à leur tour les récusations sur le plus ou moins de capacité de leurs juges, rendue visible par les formes de la tête. — La nouvelle science n’entraînait rien moins, on le voit, qu’une société nouvelle. Si la phrénologie avait acquis le degré de certitude qui lui manque encore, nul doute que ce moyen d’action sur le monde ne fût incalculable ; mais, comme tous les inventeurs, Gall s’exagérait à lui-même la portée morale de sa découverte. Les lois qui régissent la nature humaine ont-elles la régularité périodique des lois qui régissent le mouvement des corps célestes ? Sera-t-il permis à la science de prédire les événemens historiques avec cette exactitude acquise qui annonce d’avance l’arrivée des éclipses et l’apparition des comètes ? Nous ne le croyons guère. Il y aura toujours, au jugement porté sur les individus