ment à la science vers les idées générales. Cuvier, ne sachant comment définir ce sens intuitif, cette infatigable recherche des causes, cette secrète intelligence des harmonies de la nature, qu’il reconnaissait malgré lui dans son éminent adversaire, s’avisa de le traiter malicieusement de poète. M. Geoffroy Saint-Hilaire eut la faiblesse de s’en affliger. À notre avis, l’injure était un éloge. Poète, chez les anciens, voulait dire créateur, et, selon la belle remarque de Bossuet, il faut avoir en soi « quelque étincelle du génie ouvrier qui a fait le monde » pour comprendre et expliquer dignement la création de Dieu.
La tête des poètes et des savans n’est pas encore celle des philosophes ; la nature varie sans cesse le moule sur la pensée et la pensée sur le moule. M. Pierre Leroux, ce panthéiste moderne, porte comme Charles Fourier, les vingt sept organes de la phrénologie — les vingt-sept dieux de la fable — sur la grande circonférence de son crâne, ouvert à tout.
Nous avons raconté ailleurs la résistance de Napoléon au système de Gall. De son vivant, l’empereur n’avait jamais voulu souffrir que la main du docteur Gall ou de tout autre arrivât jusqu’à sa tête. On eût dit qu’il désirait cacher à ses contemporains, comme autrefois Samson, le secret de sa force. Joséphine, plus curieuse (elle était femme), se ménagea une entrevue avec le maître de la nouvelle science chez le peintre Gérard ; mais elle eut soin de cacher, et pour cause, à son despote mari cette démarche téméraire. On n’avait donc, pour juger la tête de Napoléon, que les images de l’art et le souvenir qu’elle avait laissé