Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/455

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La civilisation paraît avoir pour effet de réduire la capacité de l’abdomen ; chez les races sauvages ou barbares, tous les appareils de la vie végétative et animale sont portés à un volume considérable. Les Chinois ont la panse très saillante ; leurs artistes exagèrent ce caractère sur leurs portraits, tant ce qui serait chez nous un objet d’insulte est en honneur chez eux. La race américaine se fait remarquer par certaines excentricités qui sont, chez elle, un effet de la tendance des races inférieures à développer le volume des réceptacles des sens. On rencontre des tribus de sauvages dont les unes tiennent à honneur d’être les cultivateurs de l’oreille, d’autres les cultivateurs du nez ; on trouve aussi des sectes qui se distinguent par un ventre énorme. Le chef d’une de ces sectes, représenté sur une gravure que M. Serres nous a fait voir, paraît aussi content de son abdomen que l’autre l’est de son nez. Ses sujets cherchaient à l’imiter, et reproduisaient assez bien sa grosseur. Les sauvages d’Amérique sont, comme nous l’avons dit ; d’une voracité extrême ; lorsque la chasse a été bonne et qu’une masse d’alimentation se trouve à portée de leur estomac, ils mangent avec une avidité telle, qu’ils sont contraints ensuite de s’étendre à terre, engourdis et repus. Ils se couchent sur le dos : un de leurs camarades, moins gorgé de nourriture, vient s’asseoir sur leur ventre et leur pétrit la partie sensible pour aider à la digestion. Nous retrouvons dans ces races inférieures tous les traits de l’animalité ; à mesure que l’action des sens se développe chez elles, la physionomie perd de sa mobilité, de son caractère, de sa