Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/476

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ces formes extraordinaires que n’avaient jamais connues ni la race noire, ni la race jaune. Tandis que le Mongol languit sous la stabilité d’un état tyrannique et absolu, le Celte et le Teuton primitifs ont renouvelé plusieurs fois leurs chefs, leur monarchie, leurs lois. Le principe de l’élection, qui, en Europe, a créé les gouvernemens constitutionnels, se développe à mesure que la race blanche avance sa marche circulaire à la surface du globe : il donne alors naissance, sur la terre du Nouveau-Monde, à une démocratie qui n’est point représentée dans notre continent, du moins sous les mêmes formes.

Les rapports géographiques ne doivent pas non plus être négligés dans le tableau de la configuration des peuples : l’histoire de l’homme se lie partout à celle du globe qu’il habite. Le morcellement de l’Allemagne, par exemple, est une suite du mélange des Germains avec les Slaves et de l’état accidenté de son territoire. Ces montagnes, ces fleuves, ces profondes vallées qui brisent l’unité du sol, ont également déchiré l’unité politique en une multitude de petits États. La France, qui est au contraire douée d’un système géographique admirablement homogène, a aisément ramené sa population à une seule existence nationale. Strabon, en se fondant sur des considérations tirées de la surface topographique des Gaules, avait prédit la centralisation à venir de notre pays. Nous pouvons, en nous établissant sur la même base, prévoir les changemens que les chemins de fer amèneront. Ce n’est rien avancer de neuf que de dire qu’ils achèveront l’unité nationale des grands États