Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/61

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un citoyen, dévoué aux sciences et aux institutions qui les conservent, ne se fût trouvé à ce moment-là dans l’assemblée nationale. Informé du danger que courait l’établissement, il se rend en secret au Jardin des Plantes, et s’entretient avec Daubenton, Thouin et Desfontaines, sur les moyens de prévenir une ruine si fatale à l’histoire de la nature. Le Jardin royal allait périr : Lakanal survenant, cette école fondée pour la démonstration des sciences naturelles, au lieu d’être détruite, se reconstitua.

Depuis long-temps un plan d’amélioration et d’agrandissement avait été arrêté entre les naturalistes : le texte en avait même été soumis à l’Assemblée constituante, qui embarrassée du salut de la France, l’avait laissé enfoui dans les cartons de ses bureaux. Depuis, les événemens avaient toujours été s’aggravant de jour en jour. Le moyen de songer à l’établissement du Jardin des Plantes au milieu d’une tempête qui menaçait la société tout entière ! Ce fut pourtant de cette nuit orageuse, au plus fort de la tourmente révolutionnaire, que jaillit l’étincelle destinée à porter la lumière dans la formation du Muséum d’histoire naturelle. Le 9 juin de cette année mémorable en choses grandes et sinistres, Lakanal, député à la Convention, se présente, comme nous venons de le dire, vers trois heures de l’après-midi chez Daubenton, le chef de la science, que son grand âge et ses mœurs homériques avaient fait surnommer le Nestor des naturalistes. M. Geoffroy Saint-Hilaire, alors fort jeune, ami et élève de Daubenton, assista à cette entrevue, qui dura trois heures et porta ses lumières. Le représen-