Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/60

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déchirait elle-même, à une notice biographique et littéraire sur l’auteur du Vicaire savoyard.

Lakanal voulait détruire l’ignorance, c’était son delenda est Carthago ; il eût volontiers contre elle décrété la terreur. C’est en effet sur l’ignorance et sur le vandalisme, frère de l’ignorance, qu’il appelait les foudres de l’assemblée. On était taux jours caniculaires de la révolution ; des ouvrages de sculpture tombaient sous la main des démolisseurs ; ces actes de destruction attaquaient des marbres précieux jusque dans le jardin des Tuileries ; les arts étaient en danger ; sa voix, sa puissante voix, fait aussitôt entendre un cri de détresse : « Citoyens, les figures qui embellissaient un grand nombre de bâtimens nationaux reçoivent tous les jours les outrages du vandalisme. Des chefs-d’œuvre sans prix sont brisés ou mutilés. Les arts pleurent ces pertes irréparables. Il est temps que la Convention arrête ces funestes excès par une mesure de rigueur » Et la Convention, cette assemblée sévère, qu’on se figure la main toujours armée d’une faux, comme le temps qui tue et qui détruit, indignée à ces mots devant de telles mutilations, décrète la peine de deux ans de fers contre quiconque dégradera les monumens des arts dépendant des propriétés nationales. On voit qu’au lieu de détruire, cette assemblée-là, dans certains cas, conservait à outrance.

La plus belle création peut-être à laquelle le nom de Lakanal demeure attaché est celle du Muséum d’histoire naturelle. L’ancienne administration établie sur les lieux était menacée ; elle aurait succombé aux haines qu’inspirait alors le nom de Jardin royal, si