Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/69

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gerai lorsque je le pourrai. C’est ainsi que les représentans du peuple repoussent les outrages. Tu as cinq enfans devant l’ennemi : c’est une belle offrande faite à la liberté. Je te décharge de la taxe révolutionnaire.

« Lakanal »

Le fait suivant est ignoré. Quelques jours après le 9 thermidor, on trouva dans les papiers de Couthon une dédicace très compromettante pour l’abbé Sicard. Le célèbre instituteur des sourds-muets, quoique attaché par goût à l’ancien régime, avait cru utile à sa conservation de flatter les maîtres, quels qu’ils fussent, du pouvoir. Il était de ces hommes mobiles qui suivent toujours la fortune, même dans ses écarts. Son étoile voulut qu’en évitant un danger, il était tombé dans un pire. La chute de Couthon rendait ses amis suspects aux yeux des thermidoriens. Lakanal, instruit du danger qui menaçait un homme aussi distingué par ses talens que l’abbé Sicard, court chez le conventionnel qui avait entre les mains les papiers saisis chez Couthon. Ce confrère est absent ; Lakanal lui dit à son retour : « Vous n’avez plus rien contre Sicard ; s’il y a un coupable, c’est moi qui le suis maintenant, et que vous pouvez accuser. » Le collègue, voyant que la pièce incriminée a été soustraite, entre d’abord en grande colère ; mais, saisi bientôt de l’estime qu’on doit à une noble action, il se radoucit, et dit à Lakanal : « Vous êtes toujours le même ! » Nous avons vu la confirmation de tout ceci dans une lettre manuscrite que l’instituteur des sourds-muets adressa alors à Lakanal pour