Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/80

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dée Thierry, et deux ou trois autres membres de l’Académie des sciences morales. Le Muséum d’histoire naturelle, dont il était le fondateur, n’envoya aucune députation sur sa tombe. Cette indifférence ou cet oubli a quelque chose qui nâvre le cœur ; soyons reconnaissants envers les travaux de nos pères, si nous voulons que l’avenir se souvienne de nous. Ses obsèques eurent lieu sans pompe ; ce pauvre et morne convoi attestait le glorieux désintéressement de toute une vie. La fosse commune s’ouvrit pour recevoir les restes inanimés de cet homme rare, qui avait cultivé et protégé les lettres. L’Académie des sciences morales, par laquelle il avait été élu pour la première fois le 16 frimaire an iv, l’avait nommé président le 6 décembre 1844, au suffrage de dix-sept voix sur vingt ; il refusa. « A quatre-vingt-deux ans, répondit-il, lorsqu’on recherche la représentation, on perd en dignité ce qu’on gagne en titres et en honneurs. Larochefoucauld a dit : Il y a peu de gens qui sachent être vieux. » Au cimetière, cette honorable Académie par la voix simple et toujours éloquente de M. de Rémusat, salua d’un triste et dernier adieu la froide dépouille de son confrère. MM. Blanqui, Lélut et Carnot, prononcèrent aussi des discours émus, et tout fut dit. On se retira en silence, sous une impression de respect mêlé de tristesse ; un ciel rigide et serein comme l’âme du noble vieillard présidait à ces simples funérailles.

Lakanal avait laissé en mourant un ouvrage manuscrit en trois volumes sur son séjour aux États-Unis, et des notes sur la révolution française ; ces