benton promet à Geoffroy qu’il sera le créateur d’une zoologie toute française, et M. Geoffroy écrit à Cuvier qu’il sera un autre Linné, un législateur de l’histoire naturelle. La tournure d’esprit de ces deux futurs collègues était dès-lors marquée en sens contraire ; l’un devait finir une ère de la science, et l’autre en commencer une nouvelle.
Bien de plus touchant que la confraternité qui s’établit entre Geoffroy et Cuvier à l’arrivée de celui-ci dans notre ville. On les voit partout ensemble ; leurs travaux sont communs, leurs écrits signés de leurs deux noms. M. Geoffroy partage avec son ami son toit, sa table, ses livres et tous les avantages que sa position lui donnait. Jamais Cuvier, pendant sa vie, ne chercha à déguiser la nature des services qu’il avait reçus de cette main hospitalière ; après sa mort, on crut devoir jeter un voile sur des souvenirs qui blessaient à tort l’amour-propre de sa famille. Ce silence monta bientôt jusqu’à l’Académie, où, dans un éloge de Cuvier, on ne fit aucunement mention de ces détails biographiques. M. Geoffroy était trop sensible pour ne pas montrer sa douleur : « l’ai cru remarquer, dit-il, le cœur gros d’amertume, que lundi dernier on avait atténué les services que j’ai rendus à mon vieil ami, lors de son entrée dans la carrière. » C’est pour consoler son ombre et pour satisfaire à la vérité que nous avons cru devoir insister sur ces détails.
Le jeune Geoffroy ne se borna pas à soutenir Cuvier dans ses débuts ; il le présenta dans les maisons où lui-même avait accès, et le produisit par tous les