rer la fortune des deux amis. Une armée de savans s’enrôlait à la suite de l’armée de soldats qui marchaient à la conquête de l’Égypte : Geoffroy Saint-Hilaire, Hilaire, toujours enthousiaste pour ce qui était grand, séduit par les souvenirs de Thèbes et de Memphis, s’engagea l’un des premiers dans cette entreprise aventureuse : Cuvier, plus froid, plus prévoyant, demeura. La campagne d’Égypte fut pour le jeune naturaliste un magnifique théâtre d’observations : nous l’avons entendu plusieurs fois parler avec ravissement de la majesté de cette terre foulée par des races antiques et disparues. Ses travaux contribuèrent puissamment au succès scientifique de cette expédition mémorable. M. Geoffroy se trouva mêlé à Monge et à Berthollet. Le général en chef de l’armée d’Orient honorait ces soldats de la science qui s’étaient élancés sur les traces du sabre à la conquête de l’inconnu. Dans un discours qu’il leur adressa et dont M. Geoffroy nous récitait avec chaleur les passages frappans, Bonaparte commença ainsi : « Messieurs, ou plutôt permettez-moi de vous appeler du mot de César, cummilitones car nous avons chacun ici notre champ de bataille. » Une conversation de ce même Bonaparte, au moment de quitter le Caire pour revenir en France avait laissé des traces dans l’esprit du naturaliste : « Le métier des armes est devenu ma profession, disait-il à Monge ; ce ne fut pas de mon choix, et je m’y trouvai engagé du fait des circonstances. Jeune, je m’étais mis dans l’esprit de devenir un inventeur, un Newton. » M. Geoffroy se souvenait encore de cette parole remarquable : « Le monde des détails reste à
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