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d’user du droit de la guerre pour s’emparer des riches collections brésiliennes d’Ajuda, M. Geoffroy Saint-Hilaire avait procédé par voie d’échanges, et qu’au lieu de choisir des objets uniques, il avait seulement demandé des doubles. Lorsqu’il visitait la vaste bibliothèque du couvent de Saint-Vincent, les moines, effrayés, lui dirent : « Prenez tout, si vous voulez. » Alors Geoffroy, avec dignité : « Je suis venu pour organiser les études, et non pour les désorganiser. »

N’est-il pas beau de voir ce modeste savant traçant à la suite de la victoire, et près du fossé sanglant des batailles, le sillon lumineux de la civilisation ? Lié à Napoléon, comme Aristote à Alexandre, il sème les idées et la connaissance de la nature sur ces champs labourés par les boulets. Le premier consul, étonné témoigna ses sentimens à M. Geoffroy par des offres brillantes que celui-ci, fidèle au culte exclusif de la science, refusa constamment. À Sainte-Hélène, l’homme qui avait été l’empereur conservait la même opinion de M. Geoffroy et en parlait avec estime. Celui qui avait remué le monde sous sa main de fer pour le réduire à l’unité, devait sympathiser avec ce naturaliste ardent, qui combattit un demi-siècle pour mettre cette même unité dans la zoologie.

En 1809, M. Geoffroy est nommé professeur à la Faculté des Sciences. Cette date marque le point de départ de ses efforts vers l’anatomie philosophique. Un nouveau théâtre étant ouvert pour un enseignement plus large et plus élevé encore que celui du Muséum,