Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/96

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le jeune professeur s’y élança avec un succès qui changea la marche de la science. De 1793 à 1808, il s’était montré zoologiste pénétrant et sagace, le digne assesseur de Cuvier dans un ordre de travaux qui demandaient un coup-d’œil sûr, un jugement fin, un esprit d’observation exacte. De 1809 jusqu’au terme de sa longue et laborieuse carrière, Geoffroy remue l’histoire de la nature pour la poser sur une base nouvelle ; il crée, selon l’oracle de Daubenton, une zoologie qui n’existait pas ; là où la science n’avait poursuivi avant lui que des rapports de classification, il cherche à fixer les lois de l’organisation animale.

Cependant le sol des événemens s’ébranle de nouveau sous les pas de ce fervent naturaliste qui avait donné toute sa vie à l’étude. Napoléon était tombé et avec lui la révolution dont il portait les principes autour du monde sur les ailes de ses armées. Étienne Geoffroy n’était pas si absorbé dans la science qu’il ne sentît les maux et les humiliations de son pays. Arrivent les Cent-Jours : l’homme de l’île d’Elbe avait apparu une nuit dans un coin de la France ; on annonce au son du tambour que Napoléon est retrouvé ; à ce bruit, la royauté, endormie dans les murs du Louvre, se réveille en sursaut et fuit. Geoffroy sort alors de la science, comme un prêtre de son église dans les temps d’orage. En 1815, il est élu membre de la chambre des représentans, mais il n’y figure qu’un instant. L’empire disparaît de nouveau comme il était venu, et au moment où la France, à la suite des déchiremens de l’invasion, se courbe sous un gou-