Page:Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs.djvu/10

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sans cesse ils tournent les yeux, mais qu’ils ne reverront plus, ils se traînent dans tous les coins du globe pour y mendier des asyles. Ils vont en tremblant baiser les pieds des nations, qui les levent pour les écraser, & chez lesquelles ils n’échappent aux tourmens qu’à la faveur du mépris : leurs soupirs même sont traités comme des cris de rebellion : & la fureur populaire, qui s’allume comme un incendie, parcourt les provinces en les massacrant. On craint de se rappeller les horribles boucheries d’Alexandrie & de Césarée, où les intervalles du carnage n’étoient que le temps nécessaire au délassement des bourreaux.

Au milieu de ces horreurs, l’autorité souveraine tourna quelquefois vers eux des regards pacifiques ; & les Juifs, plus ou moins vexés sous les Princes payens, eurent souvent à se louer de la bonne volonté des Empereurs chrétiens, jusqu’à Théodose II. Honorius leur avoit même accordé la liberté de conscience ; mais son édit, & plusieurs autres insérés dans le code Théodosien, en défendant de maltraiter les Juifs, prouvent par-là même qu’on les maltraitoit. Leurs privileges n’étoient que des concessions momentanées, qui leur donnoient seulement le droit de n’être pas réputés bêtes de somme. D’ailleurs la foiblesse de l’Empire romain, écrasé sous sa propre masse,