Page:Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs.djvu/12

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dans le sein de leurs femmes, de leurs enfans, disant qu’ils aimoient mieux les envoyer dans le sein d’Abraham, que les livrer aux Chrétiens ; & ne pouvant fuir nulle part, sans rencontrer la mort, ils prenoient le parti de se la donner eux-mêmes, pour se dérober aux tourmens qu’on leur préparoit. Douze mille, au rapport d’Aventin, furent égorgés en Baviere(6). Toute l’Europe, l’Allemagne sur-tout, devint un théâtre de cruauté : en un mot les guerres d’Outremer, que tant de gens jugent sur parole, parce qu’ils sont incapables d’en juger autrement, sont consignées dans l’histoire juive, comme l’époque la plus désastreuse depuis la ruine de Jérusalem. Saint Bernard, après avoir prêché la croisade, s’empressa de prêcher contre la cruauté des croisés ; & non content d’écrire des lettres pathétiques(7), il courut en Allemagne, & protégea efficacement les Juifs par l’ascendant que lui donnoient sa réputation, son savoir & ses vertus.

Souvent on accuse le Clergé d’être intolérant : rien de plus facile à dire ; & tant de gens sont ravis de le répéter, sans avoir de notions précises sur la tolérance, sans pouvoir même discerner les diverses acceptions de ce terme.

L’accusation fût-elle aussi vraie qu’elle l’est peu, l’histoire des Juifs fourniroit une exception ; per-