Page:Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs.djvu/13

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sécutés sans cesse, ils le furent rarement par le Clergé ; car il ne faut pas juger de son esprit par celui de l’inquisition d’Espagne. Quand même on prouveroit que Saint Cyrille d’Alexandrie, égaré par un zele indiscret, les maltraita dans cette derniere Ville(8) ; d’une faute particuliere, pourroit-on inférer une conclusion générale ? Qu’on nous cite un Agobard de Lyon, aigri contre les Juifs(9), nous alléguerons un Sidoine Apolinaire, Évêque de Clermont, intimement lié avec eux, & multipliant ses bons offices à leur égard ; un Ferreol, Évêque d’Uzès, les admettant à sa table, les comblant de présens ; un Saint Hilaire d’Arles, regretté des Juifs qui courent à ses funérailles, mêler leurs larmes à celles des Chrétiens, & chanter des cantiques hébraïques pour honorer sa mémoire(10). À Mayence, à Spire, nous verrons des Prélats les soustraire à la fureur des croisés, & faire pendre les assassins. La force de la vérité sans doute emporte Basnage, lorsqu’il vante l’humanité constante des Papes envers les Juifs, qui les ont quelquefois payés d’ingratitude. Le zele éclairé des successeurs de Pierre protégea les restes d’Israël. On admire le courage dont s’arma Saint Grégoire le Grand pour les défendre. On lit encore avec transport une épitre d’Alexandre II, adressée aux Évêques de France