Page:Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs.djvu/15

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des capitations énormes : lorsqu’un d’eux vouloit se faire Chrétien, à lui permis ; mais il devoit indemniser son Seigneur : c’étoit une ame dérobée à l’enfer, mais un corps à rembourser au monde. Tel étoit l’esprit fiscal qui régnoit alors, qu’une conversion étoit regardée comme une banqueroute, & que le Paradis même n’avoit pas droit d’asyle(12). » Quelle affreuse inconséquence de confisquer les biens de ces malheureux, lorsqu’ils se convertissoient, & de les tourmenter, lorsqu’ils ne se convertissoient pas ! Les Souverains de quelques contrées, les Empereurs allemands sur-tout, ont souvent contesté aux Princes particuliers & aux divers États de l’Empire, le droit de recevoir des Juifs : la bulle d’or le restreignoit aux Électeurs. Si la politique des Potentats eût été plus pénétrante, ils auroient habilement opposé les Juifs aux brigandages, à l’indocilité des grands Vassaux, souvent révoltés, toujours disposés à la révolte. Avec plus de lumieres & d’énergie, un Louis le Débonnaire, protecteur déclaré de la nation juive, dont il étoit aimé, auroit pu mouvoir utilement ce ressort qui, dans la suite des temps, fut en partie cause occasionnelle de la création du Tiers-état ; c’est une vérité paradoxale que nous ne pouvons qu’indiquer, en nous réservant de la développer ailleurs.